Musique pour plante verte

DSC_8338-web© Dieter Kik

 

Une installation de Morgane Tschiember
Avec la participation de Corsin Vogel pour la partition musicale

L’installation présentée au Project room du centre d’art de Quimper du 26 avril au 5 juin 2016 est une structure autonome sur laquelle viennent dialoguer différents éléments.

Plusieurs plantes vertes y sont installées à différentes hauteurs, elles écoutent une musique spécialement conçue pour elles : de petits craquements perceptibles à l’intérieur d’une plante évoluent progressivement vers un flux liquide, comme de la sève, laissant surgir de temps à autres de vagues évocations de chants d’oiseaux… Tous les sons utilisés et remodelés dans cette pièce proviennent d’enregistrements originaux d’oiseaux par Jim Fassett, auteur de la »Symphony of the Birds » (1960).

Cette installation évoque un cycle, les plantes écoutent tranquillement de la musique, elles ne manquent de rien, elles sont arrosées tous les jours, plantées dans une terre spécifique qui leur convient. Entre plantes d’appartement et plantes de musée, elles s’adaptent à une nouvelle façon de vivre, à l’instar des individus de la société liquide décrite par le sociologue Zygmunt Bauman qui dénonce le flux des relations impalpables et indécises exclusivement fondées sur l’acte de consommer.

Dans cette installation un grand nombre de chewing-gums, en écho à une certaine culture hollywoodienne, semble nous rappeler que la chlorophylle finit souvent dans nos bouches….On aperçoit également un certain nombre de brumisateurs qui jonchent le sol, d’une marque qui nous vante les mérites d’une eau pure venue des montagnes.

Entre construction et dépotoir, des brumisateurs dont la marque de couleur rose nous renvoie à l’idéal de la montagne, du vert tendre chewing-gums qui résonne avec les plantes vertes, des shibaris suspendus aux formes rappelant le monde végétal, des tissus terreux qui font de l’ombre aux plantes, cette installation constitue une sorte de condensé de notre société, entre zen et hardcore, bondage et musique classique, qui oublie souvent ses origines, et particulièrement celles du sol sur lequel nous marchons tous les jours.

Subtilement, la céramique qui apparaît ici sous toutes ses formes et tous ses états : terre fraîche qui maintient les plantes en vie, tissus trempés dans la terre liquide et séchés, tablettes en céramique, shibaris émaillés et même l’eau des brumisateurs qui récupère ses nutriments à travers les roches, retrouve ici son élément d’origine, la terre.